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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 10:07

Dans le but de lutter contre des manoeuvres de certains conseillers généraux qui ont une clientèle électorale à entretenir, le Conseil Constitutionnel vient de rendre une décision parfaitement conforme aux principes essentiels de non cumul de l'autorité de poursuite et de jugement que voici.

 

Les conseillers généraux ne pourront plus siéger dans les commissions départementales d'aide sociale (CDAS), a tranché vendredi 25 mars le Conseil constitutionnel, estimant qu'ils étaient juges et parties dans ces instances amenées à examiner des décisions de présidents de conseils généraux.

 

Sont censurés, avec effet immédiat, les 2e et 3e alinéas de l’article L.134-6 du Code de l’action sociale et des familles, relatifs à la présence de conseillers généraux et de fonctionnaires dans la CDAS, précise le Conseil dans un communiqué. La CDAS, est-il expliqué, « est une juridiction administrative du premier degré, compétente pour examiner les recours formés en matière d’aide sociale contre les décisions du président du conseil général ou du préfet.

Elle comprend, sous la présidence d’un magistrat du TGI :

  • 3 conseillers généraux élus par le conseil général
  • et 3 fonctionnaires de l’Etat désignés par le préfet.

Principes d’indépendance et d’impartialité méconnus. En définitive, les Sages, saisis d’une QPC, ont jugé que cette composition « méconnaissait les principes d’indépendance et d’impartialité indissociables de l’exercice de fonctions juridictionnelles ». A compter de la publication de la décision, les CDAS siégeront uniquement composées d’un magistrat de l’ordre judiciaire et d’un rapporteur que ce dernier aura désigné.

  
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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 12:25

Crée en juillet 2010 par des élus locaux des Yvelines désireux de partager leurs expériences, le Cercle de Réflexions et d’Initiatives Citoyennes a pour vocation à être un catalyseur d’idées, à faire émerger de bonnes pratiques de gestion des collectivités locales.

 

Il est ouvert à tout élu local, responsable associatif, citoyen issu de toutes les composantes de la société qui apporteront leur vision pragmatique, locale, nationale ou internationale. André Roulleaux Dugage, Pdt du MDO, est membre fondateur du CRIC78 et membre de son conseil d'orientation.

 

Il vous invite ainsi à venir débattre en public sur les sujets de société qui vous touchent au quotidien et ambitionne d’élaborer des nouveaux outils d’aide à la décision dans le cadre de la gestion des politiques locales dans des domaines aussi divers que l’eau, les déchets, la politique sanitaire et sociale, la petite enfance etc.

 

Le format original de ces débats offrira au public un temps d’expression le plus large et dense possible, les intervenants spécialistes ponctuel au débat.

 

Rendez-vous bientôt pour la première soirée d’échange : le premier débat du Cric-Yvelines interviendra le mardi 5 avril 2011 à 20h30 à l’Hôtel de ville de Versailles :

 

“Le patient est-il encore au centre du système de santé en France ?“

 

Premiers secours, permanence des soins, poids des collectivités locales et des finances publiques  dans la nouvelle organisation ... 

 

La conférence sera animée par Hervé Fleury, administrateur du Centre Hospitalier de Versailles, membre titulaire de la commission prévention de l’ARS.

 

Venez échanger et débattre autour de trois grands témoins :

 

Jean-Luc Préel, député de Vendée, vice-président de la Commission affaires sociales de l’Assemblée Nationale,

Olivier Colin, directeur du Centre Hospitalier de Versailles,

Philippe Burnel, déléguée général national de la Fédération hospitalière privée.

 

Venez nombreux !

 

L'adresse internet du CRIC Yvelines pour plus d'infos : http://www.cric-yvelines.fr/

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 22:43

Nous publions ici deux témoignages relatifs à ce drame, qui rappelle l'assassinat des moines de Tibbhirine dont l'interprétation puissante donnée dans le film "Des Hommes et des Dieux" fera que celui-ci, largement diffusé à la demande remarquable du public, devrait être couronné aux prochains Césars. 

Juste en raison de leur intérêt et pour démontrer qu'une fois de plus les médias français, avec leur vision étriquée des pays du Maghreb, ont rapporté cette affaire et ses suites n'importe comment .

Nous avons choisi de les publier intégralement car il nous paraît impossible de les "caviarder" honnêtement quelque part sous couvert d'un laïcisme déplacé. Notamment les propos de l'Archevêque de Tunis, dont la teneur, par définition respectable en tant qu'émanant d'une personnalité religieuse, ne saurait être restituée honnêtement que dans leur intégralité.

Ceci en assumant correctement comme il se doit notre laïcité. C'est donc dans le strict respect laïc des idées, des origines et des croyances et dans un souci de respect du pluralisme que nous rapportons ces témoignages. 

Nous publions surtout ces lettres pour témoigner que notre mouvement, le MDO qui est de tradition laïque, progressiste et social-libérale, est le seul en ce moment à même de communiquer en profondeur et de manière respectueuse avec les membres de la communauté ovilloise d'origine saharienne ou sub-saharienne et/ou de religion musulmane.

Tous les autres mouvements politiques, sous couvert d'une laïcité mal assumée ou d'une démarche nationalisto-xénophobe, en sont strictement incapables à l'heure actuelle. Sauf nous, la preuve. 


A tous, je veux dire ce qui suit.

Les fractures du pays s’additionnent : la 1e épouse de Ben Ali et le clan des Mabrouk en face de la 2e épouse et le clan de Trabelsi ; le syndicat en face du parti ; les habitants du sud en face des Sahéliens (région de Sousse-Monastir), toujours au pouvoir ; la population rurale en face de la classe moyenne urbaine ; les jeunes diplômés chômeurs en face de la vieille génération de l’indépendance en place ; l’armée en face des polices ; les entreprises familiales patriarcales en face des usines modernes ; les laïcs face aux islamistes ...

Les premiers êtres humains ont été des migrants : ils progressaient d’un kilomètre par an à partir de leur lieu d’origine en Afrique. La migration est une des bases du peuplement et de l’activité des continents et des pays. Du temps de Ben Ali, c’était un sujet tabou. Les livres et les films qui osaient en parler étaient rares. Pour plaire aux Européens, Ben Ali menait bonne garde à ses frontières sans jamais réussir à arrêter le mouvement. Les télévisons occidentales présentent une image de l’existence qui séduit les Maghrébins : démocratie parlementaire, liberté d’expression, union européenne avec monnaie unique, femme émancipée, etc. En outre, les émigrés (500 000 Tunisiens vivent en France) qui reviennent pour les fêtes ou les vacances amènent avec eux du matériel de quoi faire envie à n’importe quel pauvre. Ce qui se passe aujourd’hui fait partie d’un ensemble de faits découlant directement du désir de vivre mieux, de l’atmosphère de liberté et du manque de contrôle des forces de sécurité. Chacun croit qu’il peut faire ce qu’il veut. En outre, parmi ces migrants venant de Tunisie, se trouvent de nombreux subsahariens qui profitent de l’occasion, ainsi que d’anciens policiers et des prisonniers évadés. Les passeurs et les capitaines de chalutiers y trouvent leur compte : les 130km séparant la Tunisie de l’île de Lampedusa sont payés 1000 € (je rappelle que le Smig en Tunisie est de 140€).

Ceci est le le contexte. Voilà maintenant les faits.

Le jeudi 16, le P. Marek, salésien de 34 ans, économe de l'école de Manouba, est parti faire des courses. Son absence au repas de midi est habituelle. Le soir, les confrères ont pensé qu'il était fatigué et l'ont laissé dormir. Le vendredi matin, ils se sont mis à le chercher, pour enfin le trouver dans le garage, crâne fracassé d'un coup de marteau et égorgé, les clefs de la maison à côté de lui, rien n'a été volé. On ne sait pas encore par qui : ou bien les milices de Ben Ali qui ne veulent pas désarmer, ou bien les islamistes qui ont manifesté voici trois jours devant la synagogue et qui ont voulu brûler le quartier réservé dans la médina ? La réprobation est unanime, l'évêque bouleversé, les témoignages de sympathie nombreux et sincères. Ce ne peut être qu'un cas isolé. Des Tunisiens sur Facebook invitent à un rassemblement des croyants des trois religions monothéistes où chacun prierait à sa façon, mais en même temps et dans le même lieu.

Entre temps, les laïcs manifestent avenue Bourguiba, ce samedi à 13h. [NDLR : Seul cette manifestation sera couverte par les médias français.] 

Mais pour qui l'innocent paie-t-il ?

(anonyme)


Chers tous et toutes, 

Nous ne finissons pas de vivre des événements (je laisse le mot sans adjectif). Maintenant c’est le P. Marek, salésien de 34 ans, en Tunisie depuis 2007 qui a été égorgé dans un dépôt de l’école des Salésiens de la Manouba.

Le Ministère de l’Intérieur vient de publier un communiqué comme quoi l’assassin était le menuisier de l’école. Les Pères salésiens affirment que l’assassin avait emprunté, lors du dernier Eid (il y a trois mois) 2.000 dinars tunisiens pour acheter du matériel pour son travail. Il semble qu’il a dépensé l’argent pour autre chose, le fournisseur refusait de lui donner un matériel non payé, et le P. Marek insistait pour avoir l’argent de l’école rendu. Pris de panique, et par peur d’être dévoilé, dit le communiqué du Ministère de l’intérieur, « l’assassin a surpris le prêtre en lui assénant des coups successifs très forts au moyen d’un outil contondant sur la nuque et le cou, ce qui a causé son décès. L’assassinat a été commis par crainte d’être découvert. ».

Dès qu’on aura terminé les formalités juridiques, on célèbrera une grande messe à la Cathédrale avant de le rapatrier en Pologne. Le jour et l’heure de la cérémonie seront publiés aussi.

Que dire ? Horreur, tristesse, indignation, révolte, préoccupation, peur, doute… tout est mélangé. Pourquoi a-t-on tué P. Marek ? Pour deux mille dinars ! On ose à peine le croire. Il y a certainement des détails que je ne sais pas. Par contre, il y a des choses que je sais :

- Je sais que P. Marek avait écrit, deux semaines avant son assassinat, à propos du peuple tunisien: « c’est une nation jeune, intelligente, incapable de violence (sic !), profondément bonne qui n’est pas capable de haïr ».

- Je sais qu’il venait d’écrire son premier livre sur la Tunisie où il dit entre autre : « pendant mon séjour en Tunisie, mon attitude envers mes frères musulmans a beaucoup évolué. Cette peur du terrorisme et de l’extrémisme a complètement disparu. Les Tunisiens sont tellement accueillants, amicaux et chaleureux. Ils m’apprennent cette attitude ».

- Je sais qu’il s’était proposé comme volontaire pour venir en Tunisie il y a quatre ans, alors qu’il était à peine ordonné prêtre.

- Je sais qu’il avait demandé de l’argent de partout pour aménager de nouveaux locaux pour l’école qu’il aimait tant et dont il était l’économe.

Je m’imagine en face de son assassin pour lui poser quelques questions : Pourquoi as-tu vraiment tué P. Marek ? Et pourquoi de cette manière barbare ? Son jeune âge et son innocence ne t’ont inspiré aucun sentiment de pitié ? Ni son physique frêle ? Tu l’as assommé avec coups de marteau, cela ne suffisait-il pas ? Fallait-il vraiment l’égorger et le laisser baigner dans son sang ? Comment as-tu pu dormir après ? De quelle pâte es-tu fait ? Quelle religion professes-tu ? Es-tu de ceux qui croient en Dieu le Compatissant, le Miséricordieux, (Al Rahman Al Rahim ?) Comment conjugues-tu ton crime avec ta foi ?

Réponds à ces questions, tranquillise-nous, tranquillise notre cœur de père et de frères… Après, je te promets la pardon. Tu auras d’abord à le demander de Dieu, ensuite, tu auras celui de l’Église catholique de Tunisie.

« Si le grain tombé en terre ne meurt…. » Il est tombé, il est mort, et à l’exemple du Christ auquel P. Marek s’était consacré, il a porté des fruits. Tous les messages de solidarité, toutes les scènes de sympathie, les fleurs déposées à la porte de la Cathédrale, les tunisiens et tunisiennes qui ont manifesté devant la Cathédrale avec des slogans « Marek, pardon ! », les jeunes tunisiens venus à la cathédrale dimanche 20, avec des fleurs, les larmes aux yeux… « Nous ne l’avons pas tué, disaient-ils, ce n’est pas la Tunisie… Pardonnez-nous ! » ; et ils sont partis en embrassant les sœurs.

Les réactions officielles sont du même ordre, le Premier Ministre, le Ministère de l’Intérieur, des Affaires Étrangères, du Travail, de l’Éducation, des Affaires religieuses, du Tourisme ; les Ambassadeurs arabes et étrangers, même le parti islamiste Al Nahda…. Fallait-il le meurtre d’un prêtre pour nous rendre compte de toute cette sympathie et de cette affection ? Le prix est très élevé. Nous apprécions énormément tous ces gestes d’amitiés, mais elles ne valent pas une goutte du sang de notre Marek.

Et maintenant ? Eh bien, nous allons de l’avant. L’heure n’est pas à la panique, elle est à la foi, à la patience, à la précaution. Partir ? Pas question, les temps de difficulté ne sont pas des temps de fuite. Je le dis en mon nom personnel d’abord, et je pense pouvoir le dire au nom du tout le personnel religieux de l’Église de Tunisie et au nom des chrétiens présents dans le pays. Je le dis aussi pour nos frères musulmans et juifs. Nous restons dans ce pays qui nous accueille, qui nous aime et que nous aimons. Nous restons aussi pour vous, car nous voulons nous enrichir de votre présence et de votre différence, et nous vous proposons aussi les valeurs auxquelles nous croyons et que nous essayons de vivre malgré nos faiblesses, des valeurs qui peuvent vous apporter un supplément de foi et d’espérance et de confiance.

La vie est plus forte que la mort, l’AMOUR aussi.

+ Maroun Lahham,  Archevêque de Tunis.

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 12:16

Voici deux courriers provenant d'intellectuels tunisiens et égyptiens faisant le point sur les révoltes de leurs pays respectifs, ceci en réponse au battage médiatique sur les réseaux internet officiels français. Le scepticisme qu'ils expriment est de bon aloi, car ces révoltes, il ne faut pas se leurrer, découlent principalement de l'armée et de la jeunesse, des réseaux de professions libérales (médecins, avocats notamment), d'une certaine caste économique derrière et de l'influence prépondérante des Etats Unis qui ont été, il faut le reconnaître, très bien inspirés pour le moment, tandis que l'Europe et la France restent cruellement aux abonnés absents. Il n'en demeure pas moins que le processus de démocratisation, même s'il parait s'enclencher dans le bon sens,  est loin d'être acquis et que les citoyens devront rester vigilants. La rouille en effet ne dort jamais. 

 


 

Message du 13 février 2011 de Jean Fontaine,

Directeur de l’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA) de Tunis, fondé en 1926

 

Récemment, j’ai assisté à une table ronde où officiaient quatre chercheurs : deux Tunisiens et deux Français. Des deux heures d’exposés et de débat, je retiens trois points.

D’abord, la majorité des chercheurs qui ont étudié la Tunisie en sont restés à un constat : l’autoritarisme convient au pays et il durera. Ils ont été incapables de voir venir ce qui s’est passé récemment.

Ensuite, ceux qui depuis cinq ans, preuves à l’appui, ont eu l’intuition que ça ne marchait pas bien et que les jours du régime étaient comptés n’ont pas été écoutés des autorités politiques françaises.

Enfin, le Département d’État des États-Unis a envoyé systématiquement de jeunes chercheurs, sans tabous, qui ont rencontré des opposants, visité les zones défavorisées et n’ont pas eu peur de la prospective.

Résultat, les Étatsuniens ont participé directement au renversement de Ben Ali et les Français ont accumulé gaffe sur gaffe.

Sur le sens de cette révolution, je vous livre, pour ce qu’il est bien sûr, un point de vue divergent de l’avis commun.

Il ne s’agirait pas de révolution populaire, mais de la victoire de la première épouse de Ben Ali et de son clan sur la seconde et ses sbires. Effectivement les capitalistes du premier groupe n’ont pas été touchés. Les autres arguments consistent à chercher l’origine géographique des membres du deuxième gouvernement provisoire. On s’aperçoit qu’effectivement la plupart viennent du Sahel, région entre Sousse et Monastir, comme du temps de Bourguiba. Les éminences grises, ceux qui tireraient les ficelles, sont les mêmes. À cela s’ajoute un coup d’œil aux intérêts économiques en jeu et aux personnes qui non concernées par l’épuration.

Au moment de l’Indépendance, en 1956, des campagnards de la région de Thibar, où je résidais, ont pris le train à la gare de Sidi Smaïl, la plus proche. Quand le contrôleur est passé leur demander de s’acquitter du prix du billet, ils ont été fort surpris : « Mais nous sommes indépendants ! » C’est, toutes proportions gardées, ce qui se passe aujourd’hui.

Les employés pensent être augmentés automatiquement, les automobilistes ne respectent plus les feux rouges, les habitants construisent sur le trottoir, les étudiants demandent au professeur les sujets de l’examen avant les épreuves.

Question du coiffeur : « Que vais-je faire de cette liberté que la télé m’annonce ? » Et c’est le syndicat (qui n’est plus unique depuis une semaine et qui a récusé sa direction), aidé par les ordres des avocats et des médecins, qui encadre le mouvement vers la démocratie.

 


 

EGYPTE - La révolution du 25 janvier 2011

 

Prévue, préparée, planifiée, annoncée, cette révolution est le résultat d'un long cheminement, d'une longue gestation. Première question à nous poser : qui est derrière ce soulèvement ? Quels en sont les acteurs véritables ? – Les Frères Musulmans ? Le Mossad ? L'Iran ? L'Amérique ? L'Occident ? Tel ou tel autre agent étranger ?... Ou bien tout simplement le peuple égyptien lui-même – un peuple qui avait trop supporté, trop souffert, trop subi – qui n'en pouvait plus d'être écrasé, exploité, piétiné – et qui a tout à coup éclaté.

Le peuple… mais quel peuple ? Non pas le tout petit peuple qui a toujours vécu dans la peur et la soumission… mais une certaine catégorie très précise : les jeunes – et plus précisément les 25-35 ans -, diplômés d'hier, et pourtant chômeurs, frustrés, sans emploi, sans logement, sans perspective d'avenir.

Ces jeunes, au-delà d'un enseignement scolaire abrutissant, de slogans religieux vides et creux, de contraintes sociales et morales aliénantes… cherchent leur chemin et un sens à leur vie à travers Internet, Youtube, Facebook et Twitter…

Ces jeunes aux yeux et aux oreilles grandes ouvertes, absorbent, consomment, assimilent à longueur de journée et de nuit tout ce que le monde d'aujourd'hui leur propose sur le Net… le meilleur et le pire.

Ces jeunes, dont certains ont fréquenté des écoles étrangères ou l'université américaine, rêvent d'ouverture et de modernité…

Ce sont ces jeunes – ouverts, émancipés, capables de réflexion et de critique – qui ont concocté, organisé et mis au monde cette révolution.

Mais, une fois mise au monde, celle-ci n'a pas tardé à être arnaquée par les Frères Musulmans qui ont cherché à la récupérer, à en faire leur affaire, à la voler aux jeunes qui l'avaient créée et inventée.

Donc, d'un côté les jeunes, véritables auteurs et acteurs de cette révolution, de l'autre les Frères Musulmans qui cherchent à se l'approprier… Mais qui encore ? Y a-t-il d'autres protagonistes dans les événements qui se déroulent en ce moment en Egypte ?

Il y a bien sûr les gens du pouvoir – en premier lieu le Président -, qui ne veulent pas lâcher prise, abandonner leur poste, et s'accrochent becs et ongles au siège qu'ils ont occupé pendant des lustres. Cette clique souvent véreuse et corrompue, bourrée de privilèges, enrichie à milliards aux dépens du petit peuple, sent aujourd'hui que tout lui échappe et cherche à réagir et à faire face. C'est sans doute elle qui est derrière l'attaque brutale du mercredi 2 février, où des énergumènes munis de glaives et d'armes à feu, montés sur des chevaux et des chameaux, ont chargé aveuglément une foule sans défense qui avait opté pour une révolution pacifique basée sur le dialogue et la négociation.

En fait, ces brutes déchaînées semblent être à la solde non seulement de l'ancienne clique au pouvoir, mais de tous les magnats du commerce, de l'industrie et de la finance qui profitaient du "système". Cette bande a du mal à lâcher prise et c'est sans doute elle qui a mobilisé ces brigands sans foi ni loi pour intimider le peuple et briser sa détermination.

Y a-t-il d'autres protagonistes ? Probablement certains éléments étrangers qui cherchent à profiter de la situation pour pêcher en eau trouble. Mais ceux-ci ne sont qu'une infime minorité.

Il y a enfin les malfrats, bandits et casseurs, qui ont pillé les magasins, cambriolé les appartements, dévalisé les passants… et qui ont tout intérêt à ce que la pagaille continue.

Qui encore ?

L'armée, bien sûr !... seule garante de l'ordre, neutre jusqu'à présent, proche du peuple, adversaire des Frères Musulmans, et qui s'opposera fermement à eux, au cas où ceux-ci tenteraient de s'emparer du pouvoir. Aurions-nous alors une nouvelle dictature militaire qui nous ramènerait à la case départ, c'est-à-dire au coup d'Etat de 1952 ?... Est-ce possible ? N'y aurait-il pas d'autres scénarios ?...

Et l'Eglise dans tout ça ? Les catholiques – hiérarchie, clergé, religieux et religieuses, fidèles – gardent un silence prudent et se réfugient dans leurs églises autour de messes ou de réunions de prière. Le patriarche copte-catholique vient cependant de briser ce silence par une déclaration assurant Moubarak de notre soutien et de nos prières.

Quant aux coptes orthodoxes – qui représentent l'écrasante majorité des chrétiens d'Egypte – ils sont plus divisés que jamais. Au niveau de la hiérarchie, c'est la course à la succession dans une atmosphère de fin de règne. Quant à Chenouda, il a lui aussi fait l'éloge du Président en l'assurant de ses prières au grand dam de tout un courant laïc qui le désavoue et trouve qu'il se compromet gravement en prenant position. Ils pensent qu'il devrait adopter une attitude beaucoup plus neutre pour ne pas se voir taxer plus tard de collaboration avec l'"ancien régime".

La majorité des chrétiens – à part certains activistes ou intellectuels engagés –se tiennent plutôt à l'écart de ces bouleversements politiques et auraient, paraît-il, reçu des consignes en ce sens de leur hiérarchie. En fait, ils vivent dans la peur et envisagent le pire au cas où les Frères Musulmans prendraient le pouvoir. Pour l'instant, Dieu merci, aucun incident confessionnel ne s'est produit, bien que les églises et couvents ne soient plus protégés par la police.

Venons-en au dernier – et premier - protagoniste de ces événements : le peuple lui-même. Celui-ci, pris de court par la soudaine disparition des forces de sécurité et la surprenante libération des prisonniers, a tout d'abord paniqué face aux hordes de bandits qui ont déferlé sur la ville. Mais les gens se sont très vite repris et organisés pour résister et faire face. Des comités de défense civile sont nés spontanément un peu partout, prenant position au pied des immeubles, au coin des rues, pour se défendre, protéger leurs familles et leurs biens, organiser la circulation et le ramassage des ordures.

Cette prise en main du peuple par lui-même a été vraiment remarquable et tout se passe en ce moment dans une sérénité, une courtoisie et une efficacité surprenantes. En signe de gratitude et de reconnaissance, les femmes du quartier distribuent à tous ces bénévoles des repas qu'elles préparent elles-mêmes avec amour. L'une d'entre elles, voulant régler au boucher la viande qu'elle lui achetait à cet effet, s'est vu répondre par ce dernier : "Madame, comment voulez-vous que j'accepte de l'argent pour ce service que vous rendez gratuitement à tous ces jeunes volontaires ?" J'avais les larmes aux yeux en écoutant cette dame me racontant cet incident.

Ce raz-de-marée de solidarité au niveau de la base a engendré dans toutes les couches de la société, une fraternisation extraordinaire qui a révélé la bonté foncière du peuple égyptien. La dame dont je viens de parler me disait à ce propos :"C'est ça l'Egypte, c'est ça les Egyptiens ! Ce ne sont pas ceux qui volent, qui pillent, qui dévalisent, mais toutes ces petites gens au cœur d'or qui n'aspirent qu'à la paix et la fraternité".

Souhaitons que le nouveau régime nous aide à construire, loin de toute lutte partisane et confessionnelle, cette "union nationale" qui, pour beaucoup, semble pure utopie. Je crois pourtant que l'utopie d'aujourd'hui peut devenir la réalité de demain si nous y croyons vraiment et si, pour la construire, nous nous investissons de tout notre cœur, de toute notre intelligence et de toute notre énergie. Un signe prophétique de cette harmonie à venir nous a été donné ce matin sur la grande place Tahrir du Caire par une multitude de gens rassemblés et se donnant la main en scandant d'une seule voix : "Nous sommes tous un !... "

 

Henri Boulad, sj, directeur du Centre Culturel Jésuite d'Alexandrie.

Soliman Chafik, journaliste et analyste politique.

Alexandrie, le 4 février 2011

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 14:31

Nicole Martin, conseillère municipale à St Maurice dans le 94, sympathisante MDO : "La veille de la révolution mon amie Leila Franco -Tunisienne dînait à la maison en nous expliquant par le menu la force de son peuple à devenir libre  et indépendant ....mais pas sous n'importe quel parfum ! Leila Ben Salem avocate à Tunis a du fuir  avec ses enfants son pays bien aimé. Elle est quelque part en Afrique désormais. A lire, à commenter sa note qui a bien des égards nous interpelle. Merci de la faire suivre en soutien aux combattants du peuple tunisien." La question est effectivement de savoir si cela sent le jasmin chez nous aussi.

   

 

UN MOT SUR LES REALITES DE LA TUNISIE

Le monde est témoin que la révolution tunisienne ne sent ni le jasmin, ni la fleur de néroli, elle a l’odeur de la peur, de la sueur, et du sang. Il faudrait que les journalistes arrêtent de coller des étiquettes lénifiantes et infantilisantes sur les tunisiens, et sur tout ce qui vient de la Tunisie. Un peu de dignité ! Ce n’est pas la révolution du jasmin.

De même que cette révolution est celle de tout le peuple tunisien toute classe et tout âge confondu. Le dire, c’est rendre hommage aux opposants qui ont payé de leur vie la lutte pour la liberté, à ces prisonniers morts sous la torture, dans les locaux de la police judiciaire de Bouchoucha, ou dans les sous-sol du ministère de l’intérieur, et autres lieux de tortures, ceux qui sont morts emmurés à la prison civile du 9 avril ou ceux qui ont été jetés d’hélicoptère. Vous y croyez à l’accident aérien de l’état major de l’armée tunisienne en 1999 ? Où sont les résultats de l’enquête judiciaire ? Bien sûr que l’armée tunisienne ne tire pas sur le peuple, elle a été victime de BEN ALI, en 1992, des soldats de l’armée de terre ont fait l’objet d’un procès politique, au nom de la lutte anti-islamiste, qui s’en souvient ?

Ne l’oublions pas, le peuple tunisien a entretenu la flamme de la contestation, les jeunes ont donné le coup d’accélérateur, qui a pris de vitesse le régime BEN ALI confiant dans son savoir faire dans l’art de la répression et le verrouillage de la société.

Que le régime du parti unique, le rassemblement constitutionnel destourien (RCD) soit dépassé, c’est arrivé, et cela grâce au peuple, mais que l’Europe et les Etats Unis disent ne pas le savoir, c’est faux, archi-faux, ça suffit les mensonges !!

Weakleaks a montré que Washington était informé en temps réel de tout ce qui se passait en Tunisie, Merci Julian ASSANGE, il est difficile de mesurer l’impact de votre geste, mais il a incontestablement contribué à libérer la parole des tunisiens.

Eh bien la France a ce même degré de connaissance, donc de responsabilité. On ne connait pas précisément le contenu des télégrammes du quai d’Orsay, mais une poignée d’homme au moins, est informée dans les moindres détails de la situation tunisienne, comme le président de la république, Henri GUEANT et le 1er ministre. Il suffit de voir la promptitude de Mme LAGARDE à réagir sur les avoirs du clan BEN ALI/TRABELSI, dès le départ de BEN ALI et avant la réaction officielle du gouvernement français.

Tous les gouvernements français de droite et de gauche ont soutenu le régime BEN ALI, ils ont suivi ses exactions, ses vols, la preuve ils ont tout de suite proposé de geler les avoirs immobiliers et financiers du clan BEN ALI/TRABELSI, dont ils connaissaient l’existence, le montant et la valeur.

Par intérêt ils ont fermé les yeux et ils se sont bouchés les oreilles. Sinon comment ne pas entendre les cris des opposants qui en France ont publié des livres (BEN SEDRINE, BEN BRICK, MARZOUKI, MANAI etc...). N’étaient-ils pas dignes d’être entendus ? Les tunisiens ont été mal menés à s’entendre dire par Jacques CHIRAC lors de son dernier voyage en Tunisie, alors qu’il prenait la parole devant les jeunes du lycée français Pierre Mendès France que « boire et manger était un droit de l’homme ».

L’idéologie sécuritaire rend l’Europe aveugle, et ce qu’a dit Madame ALLIOT MARIE était très clair, elle s’est remise dans la peau de l’ancien ministre de l’intérieur, décrypté cela veut dire, ça bouge en Tunisie, un pays d’habitude stable, ce n’est pas de notre intérêt et ça va donner des idées à d’autres peuples d’une région du monde que nous devons maitriser, intervenons !

Soyez digne madame, reconnaissez votre erreur, reconnaissez que vous êtes sous l’influence de vos charges ministériels passées, sur le mode plutôt répressif. C’est la même chose pour ALAIN JUPPE à peine capable de diriger une ville. A cours d’idée, il reprend les analyses de l’ambassadeur d’un régime en perte de vitesse en France, Raouf NAJAR qui met la révolution tunisienne sur le compte d’un peuple scolarisé, excusez-nous d’avoir été à l’école ! Un peu de dignité, faites l’économie de votre attitude insultante, démissionnez !

Voila des préoccupations de politique figée, pleine de clichés et de mépris, quel manque d’imagination ! Quel vide !

Non ! Monsieur APATHIE la France et les journalistes en particulier n’ont pas parlé du régime de BEN ALI, au point d’éveiller les consciences. Vous recevez l’opposant Moncef MARZOUKI qui réside sur le territoire tunisien, votre voisin en somme, pour la première fois alors que des stars bidons qui passent à votre émission dès qu’elles/ils se cassent un ongle il a y en pléthore.

Travaillez vos interviews Messieurs Michael DARMON, P. TESSON et autres il n’y a pas eu un drapeau vert dans les manifestations, pas de barbus et vous, vous êtes obsédés par une seule question dans vos interviews la question islamiste. BEN ALI a tétanisé le peuple tunisien et hypnotisé le reste du monde, vous en faites partie.

A partir d’aujourd’hui, il va falloir s’y faire, les islamistes appartiennent au paysage politique tunisien, même s’ils sont nos adversaires politiques, ils ont le droit de s’exprimer, de se présenter aux élections, de faire connaître leur programme, et notre rôle sera celui d’occuper le même espace politique et de combattre les idées que nous ne partageons pas.

Personne n’a remarqué que celui qui a soit disant chassé les islamistes en Tunisie, ou du moins celui qui les tenait en respect, a été se réfugier chez les wahhabites en Arabie saoudite. Il a rétabli l’appel à la prière en direct sur la télévision nationale, avec interruption de programme, etc…

Peu importe, finalement la chance du peuple tunisien c’est l’absence de soutien étranger, ce qui lui a permis d’écrire son histoire à sa manière.

Le monde entier connaît la situation en Tunisie mais le monde entier ne se sentait pas concerné, peut être parce que le monde arabe donne l’impression d’être fataliste et consentant.

Des millions de touristes vont en Tunisie, et si on leur parle de la situation sur place ils répondent : « oui ! On sent qu’il y a quelque chose » mais en fait ils s’en moquent, trop occupés à regarder la mer et le soleil, Ils donnent le dos au pays et au peuple, alors que les tunisiens n’ont pas accès à leurs propres plages, accès qu’il faut payer en euros. C’est vrai le tourisme est un facteur de développement pour son apport en devises et un facteur de division du monde, la caissière de carrefour en France qui paye son voyage à crédit est mieux qu’un tunisien lambda. Vaste programme.

La révolution tunisienne continue, savez-vous pourquoi ? Parce que l’histoire se répète. Le RCD s’est le prolongement du PSD ancien parti unique, promoteur de la pensée unique, d’une société unique, et l’actuel président par intérim en a été membre.

Qui est Foued MBAZAA ? C’est un vieillard dont l’allure rappelle le dernier bey de Tunis, Lamine. Cet homme a été ministre de Bourguiba, il a occupé presque tous les portefeuilles (...). Il a toujours bien rempli sa fonction de figurant, inaudible, même en qualité de ministre des sports et de la jeunesse, en remettant la coupe à la prestigieuse équipe féminine de basket ball la Zitouna Sport, qui en 1978 avait remporté la même année tous les titres (coupe et championnat), minimes, cadettes, juniors et séniors, il n’a pas pu aligner deux mots, on ne sait jamais prendre la parole devant des jeunes filles heureuses de leur victoire… On retrouve cet homme sous le régime de BEN ALI, comme si tout cela allait de soi, il lui manquait une expérience politique, le parlement, qu’à cela ne tienne, la fonction lui est offerte grâce aux manigances et au soutien de son épouse, très introduite et très ambitieuse, qui est celle qui dessinera sa carrière politique.

Et puis on ne sait jamais par les temps qui courent, il continue d’exercer la profession d’avocat, avec un prête nom, il a gardé un bureau dans un cabinet d’avocat à Tunis. Cet homme a accepté toutes les compromissions, il n’a pas eu honte au nom du peuple tunisien d’accueillir avec prévenance un député de 29 ans, incapable d’aligner deux mots d’arabe, et baragouiner au nom du peuple, alors qu’il ne représente que les intérêts de son clan, le gendre de BEN ALI, Sakr EL MATRI (You tube), il a été complice de l’adoption de toutes les lois répressives de ben Ali, et il faudrait se taire ???

On pourrait en dire autant sur le compte du premier ministre qui tente de se dédouaner en déclarant qu’il n’avait en charge que l’économie. Serait-il ignorant de tous ce que les tunisiens connaissaient ? Serait-il incompétent à ce point, si c’est le cas il doit démissionner. La pilule est difficile à avaler.

 

 

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 15:50

 

 

Une petite réflexion un poil provoc du Président de notre association rédigée à la demande du Club Jade sur les problèmes actuels de laïcité a été mise en ligne sur le site le Monde.fr et sur le site Les Echos.fr et subtilement saluée comme telle par ceux qui ne sont pas sentis visés, c'est à dire par le plus grand nombre d'entre vous, je l'espère. 

 

Selon vos aspirations, vous trouverez cet article ici :

 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/23/les-tenants-d-une-stricte-laicite-sont-ils-pris-en-otage-par-l-extreme-droite_1456825_3232.html

 

ou ici :

 

http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/societe/221132579/les-tenants-dune-laicite-ferme-pris-en-otage-par-lextreme-droite

 

Bonne lecture.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 12:27

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  • : Blog animé par le réseau IDDEO et son représentant, André Roulleaux Dugage, pour le moment ex-Conseiller Municipal onsacré à la vie locale à Houilles, à la citoyenneté ovilloise et à la nécessité de son renouveau démocrate.
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